Extrait de mon recueil de nouvelles :
« Amandine tend à sa mère un petit ange en métal doré, que cette dernière saisit avec précaution pour l’accrocher sur l’une des branches du sapin qu’elles sont toutes deux en train de décorer.
Du haut de ses cinq ans, la petite fille ne peut ignorer la minuscule larme au coin de l’œil de sa maman qui tente de glisser le long de sa joue, mais qu’un rapide revers de la main efface à jamais.Les adultes croient bien souvent que les enfants ne comprennent pas, étant trop jeunes.
Pourtant, Amandine sait bien pourquoi sa mère est si triste. Pourquoi ce Noël est si particulier. Pourquoi sa grand-mère, assise dans le fauteuil du salon, regarde par la fenêtre depuis maintenant vingt bonnes minutes, comme si elle attendait quelqu’un. Une personne qui, comme chaque soir lorsqu’il rentrait du travail, ne lui fera plus jamais signe en s’engageant sur le chemin menant à la maison.
La petite se doute bien qu’elle ne reverra plus ce grand bonhomme, avec son sourire si lumineux, qui vous faisait oublier en un instant l’objet de votre colère. Cet homme si joyeux, qui s’occupait de sa seule petite fille avec tendresse et bonté depuis sa naissance tant attendue, se faisant complice de ses jeux et quelquefois… de ses bêtises. Même si, parfois, sa santé laissait à désirer, il faisait fi de ses souffrances pour porter Amandine dans l’escalier menant à l’école, juste parce que la petite n’avait pas envie de marcher. Si elle avait su…
Mais on ne raconte pas la maladie à des enfants. Ils la saisissent par des bouts de mots volés au détour d’une conversation.
Amandine se souvient comme si c’était hier du jour où son papy, qui n’avait même plus la force de lui lire une histoire, est rentré à l’hôpital. Parce qu’à partir de ce moment, elle ne l’a plus jamais revu. Depuis, elle a si peur de ce grand bâtiment blanc qui vous vole ceux que vous aimez.
Sa mère lui a expliqué que son grand-père était parti pour un très long voyage, mais le cœur d’Amandine sait bien que l’on ne revient jamais de ce genre de voyage, comme le vieux chat qui s’en est allé au ciel, un jour de printemps, couché là dans son panier….
Alors oui, la petite fille est triste, mais elle veut être forte pour Maman et pour Mamy qui a perdu tous ses mots. Une à une, elle saisit, avec toute sa délicatesse d’enfant, les décorations si brillantes, si gaies, objets inconscients du moment, que sa mère dépose sur les branches d’un sapin sentant bon la forêt.
Alors qu’il ne reste plus rien à accrocher, Amandine et sa mère regardent vers le haut de l’arbre.
Il manque l’étoile ! »
L.L.H
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