Bonjour à tous,
J’ai aujourd’hui le plaisir de vous présenter Caroline Plouffe, une auteur auto-éditée québécoise que j’ai connue grâce à son excellent roman « Causalité paradoxale ». C’est non sans humour qu’elle a accepté de se plier au jeu des questions/réponses pour ce blog !
Bonjour Caroline, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
- J’ai vécu 32 ans dans le quartier Rosemont/La-Petite-Patrie à Montréal. J’habite maintenant depuis 7 ans dans un village rural de l’est de l’Ontario, à proximité d’Ottawa. Ancienne militante pour l’indépendance du Québec et pour le maintien de la langue française, je suis la preuve vivante qu’il ne faut jamais dire jamais. Je suis une féministe sans enfant qui ne croit pas que sa vie a moins de valeur à cause de son choix de préférer les chats aux bébés, malgré les commentaires de certaines personnes à ce sujet. Je suis aussi militante pour la fabrication des dits bébés en bocaux au lieu que la femme serve d’utérus sur deux pattes, ce qui fait de moi une femme un peu siphonnée aux idées non conventionnelles (c’est parfait pour une auteure, non?).
Avez-vous un métier en dehors de l’écriture et si oui, est-ce difficile de concilier les deux ?
- Je suis adjointe administrative et juridique dans le domaine de la propriété intellectuelle pour un important cabinet d’avocats à Ottawa. Depuis que je me suis mise à l’écriture (il y a environ 5 ans), je trouve de moins en moins facile de concilier le travail et ma passion. Les idées d’histoires arrivent plus rapidement que j’ai le temps de les écrire. J’essaie toutefois de me rappeler que c’est un passetemps qui me coute de l’argent au lieu de m’en procurer, et qu’un « vrai » travail est important si je veux continuer à écrire sans avoir à manger du Kraft Diner, accompagné d’un délicieux verre d’eau, au souper (je préfère de loin le saumon fumé et le vin!).
Combien de temps consacrez-vous en moyenne à l’écriture ?
- Je n’écris pas la semaine : me levant très tôt le matin (vers 4 h 30) je suis trop fatiguée après une journée de travail passée devant l’ordinateur. En général, je mets ma casquette auteure la fin de semaine. Je préfère écrire durant plusieurs heures un samedi ou un dimanche au lieu de faire de petites séances par-ci par-là. C’est le moment où mon mari va faire une visite d’une journée à sa famille, se branche sur un jeu vidéo avec des écouteurs ou bien va se cacher au sous-sol en tentant de faire le moins de bruit possible (c’est vraiment une petite bête bien domptée!).
Qu’est-ce qui vous a poussée à prendre la plume ?
- Je passe plusieurs heures de déplacement en automobile depuis que j’habite en Ontario. Je trouve que penser aux détails d’une histoire en conduisant rend le déplacement dans le trafic beaucoup plus agréable, et je ne vois presque pas le temps passer. Après, il ne me reste qu’à coucher sur le papier les idées que j’ai eues. Je n’ai donc jamais le syndrome de la page blanche, car, lorsque je suis devant l’écran, j’ai déjà une bonne idée de ce que je veux écrire. Je trouvais également que je perdais lentement ma maitrise du français à lire et à écrire presque uniquement en anglais. J’ai ainsi fait une pierre, deux coups, car cela m’a permis de me renouveler au niveau de la langue (donc, ce n’est pas que j’ai oublié certains accents dans mon texte, c’est qu’ils ne sont plus nécessaires!).
Comment vous est venue l’idée de votre premier roman ?
- Disons que la mort de ma mère, décédée depuis peu à l’époque, m’a inspiré une histoire où une jeune femme ferait l’impossible pour sauver sa propre mère. Je dirais que c’est une inspiration soudaine. L’histoire est toutefois complètement fictive (mon père n’est PAS un salaud!). L’idée provient d’un sentiment d’ennui envers une personne qui me manque terriblement. Après ça, les détails se sont imposés à moi, presque contre ma propre volonté (j’ai parfois l’impression de souffrir du syndrome de la personnalité multiple lorsque je suis en processus de création).
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées pour l’écriture de vos romans ?
- Je lis presque uniquement en anglais depuis plusieurs années. La façon de rédiger est bien différente. Les anglophones ne se compliquent pas la vie avec les répétitions de mots; en français, c’est un sacrilège. Heureusement que j’ai le programme de correction Antidote qui m’aide sur ce point. Il y a aussi la question des personnages : ils ne veulent pas toujours faire ou être ce que MOI je veux. Ils deviennent vivants et refusent parfois de prendre la direction que je leur avais destinée. Je dois donc faire avec et modifier mon histoire en conséquence. Il m’arrive même d’être surprise en écrivant et de dire, à la fin d’un chapitre : « Eh bien, je ne l’avais pas vue venir celle-là! »
Pourquoi ce style de romans ?
- Je n’ai pas un style défini. Je veux écrire ce qui me vient à l’esprit. J’aime toutefois les personnages complexes qui sont émotionnellement fragiles. J’ai cependant pris la décision de n’écrire qu’en nouvelle orthographe, car j’en trouve les fondements logiques et qu’une langue doit se modifier selon les époques afin de rester vivante.
Combien de temps pour écrire le mot fin à la dernière page ?
- Une seconde… ce n’est tout de même que trois lettres! 🙂
Avez-vous tenté le chemin de l’édition traditionnelle? Pourquoi le choix de l’auto-édition ?
- Oui, j’ai essayé cette alléchante avenue avec mon premier roman. Ça coute extrêmement cher en impression et frais d’expédition. On attend une éternité pour se faire dire non ou bien ne jamais recevoir de réponse. J’ai essayé avec un éditeur à compte d’auteur et ça m’a couté la peau des fesses (peut-être pas autant qu’en France) pour un service pas très professionnel (j’ai même fait annuler mon contrat un an avant l’échéance afin de rééditer mon roman de science-fiction). Je ne vendrai peut-être jamais beaucoup de livres, mais au moins j’ai la main mise sur tout : mon style, le type d’histoire, la mise en page, la couverture, etc.
Est-ce plus difficile de se faire connaître au Québec ?
- Oui, surtout en autoédition. Les gens ont encore une vision snob de l’écriture et si tu n’es pas publié par une « vraie » maison d’édition et vendue chez Québec Loisirs ou Archambault, tu es un raté. Puisque les maisons d’édition traditionnelles vendent généralement les livres électroniques avec un petit rabais de 30 à 40 % par rapport au prix papier, les gens ne trouvent pas que ça vaut la peine d’investir dans une liseuse (et je ne parle pas de leur gout tenace pour la sacrosainte odeur du papier!). Il faut ajouter à cela que les bibliothèques ne prêtent les livres qu’en format Epub et que, pour bien des gens, Amazon ne vend que des trucs anglophones et vous verrez que le petit Québécois (ou Franco-canadien) est mal barré! C’est pourquoi j’ai trouvé un imprimeur à la demande et que je vends toujours environ 25 livres de cette façon, sinon, je n’aurais vraiment pas beaucoup de lecteurs à part mon mari!
Quels sont vos coups de cœurs littéraires ?
- J’aime passer d’un auteur à l’autre et d’un style à l’autre. J’ai une prédilection pour tout ce qui est intrigue policière ou suspense juridique. Je lis aussi parfois des histoires vécues. Dans la catégorie des auteurs autoédités, j’aime bien Alan Annand (qui est, étonnement, aussi astrologue!) et Matt Shaw (qui est… plutôt dérangé si vous voulez mon avis). Il y a aussi Carolyn McGray (bien c’est plus une écrivaine en série et que, parfois, la qualité laisse un peu à désirer). Dans le francophone en édition traditionnelle, j’ai une prédilection pour Patrick Sénécal, un auteur québécois qui n’écrit pas le genre d’histoire généralement vendue au Québec.
Avez-vous des contacts avec vos lecteurs ?
- J’ai quelques contacts avec mes lecteurs. Toutefois pas autant que je voudrais. Les gens ne comprennent pas qu’il est important pour un auteur autoédition d’avoir le pouls de son public et d’avoir un petit coup de pouce pour faire parler de ses livres. Ils ne voient pas tout le travail que doit abattre un auteur autodidacte.
Quels sont vos projets ?
- M’incruster comme une tache de sauce tomate sur une chemise blanche dans le domaine de l’autoédition! Je ne me laisserai pas abattre et je continuerai à faire ce que j’aime le plus : écrire! J’ai une novella, très différente de ce que je fais habituellement, qui sortira en format électronique sous peu (http://booklaunch.io/carolineplouffe/coverup101) et j’ai également une trilogie policière dont le premier tome, actuellement en réécriture, sortira (je l’espère!) au courant de l’automne en format papier et électronique (http://booklaunch.io/carolineplouffe/pointderupture). J’ai aussi un projet de traduction de cinq de mes nouvelles pour les publier sur Amazon en anglais (probablement sur un pseudonyme plus « vendeur »).
Avez-vous un site internet ou un blog ?
- Oui, j’ai un blog (http://carolineplouffeauteure.com), ou plutôt un « blogue » en nouvelle orthographe, mais pas uniquement littéraire. Bien que quelques auteurs m’aient suggéré d’axer uniquement mes textes sur le domaine de l’écriture, je désire parler de ce qui m’intéresse, que ce soit la politique, la langue française (j’écris désormais en nouvelle orthographe) ou un sujet d’actualité. S’il fallait que j’écrive juste des trucs qui se vendent, je pondrais de la chick lit (je ne serais pas une poule très prolifique, puisque ce n’est pas mon style!).
Un rêve ?
- Juste un?! Impossible! Que quelqu’un qui a du poids dans le monde littéraire tombe en amour avec un de mes livres et que je devienne la future J.K. Rowling! Ou bien qu’un producteur s’intéresse à un de mes romans pour en faire un succès cinématographique au boxoffice. Ou encore, gagner quelques millions de dollars à la loterie pour pouvoir dire « Bye! Bye! Boss! » et me concentrer sur l’écriture… acheter une hobby farm et devenir fermière. Effectuer un voyage interstellaire longue durée et découvrir une nouvelle galaxie, peut-être?
Un grand Merci à Caroline pour ses réponses. N’hésitez pas si vous voulez en savoir plus ou bien vous procurer ses ebooks, à vous rendre sur son blog : (http://carolineplouffeauteure.com).
Vous ne serez pas déçus du voyage et ça vous coûtera moins cher qu’un aller-retour France-Canada !
LLH