Un jour d’automne particulièrement doux pour la saison, mon chien, poils aux vents, gambade dans la forêt. Toutefois, sans trop s’éloigner, au cas où il nous prenne l’envie saugrenue de lui jouer un remake du petit poucet.
Nous parlons de choses et d’autres, offrant nos visages à ces rayons de soleil plutôt chaud pour la période, profitant de cette cure de vitamines, bien utile avant l’hiver.
Soudain, je me fige, les sourcils froncés. Mon chien n’est plus en vue nulle part. Je fouille du regard les alentours tout en essayant de rester discrète, pour ne pas alerter trop vite les enfants, surtout le petit qui risque de paniquer à l’idée de la perte de son animal favori. Mais rapidement, je me rends à l’évidence, la bête n’est plus dans le coin. J’avale ma salive et appelle le toutou suffisamment fort pour qu’il entende sans toutefois ameuter tout le monde.
Bien sûr, au son de ma voix, mes fils et mon mari s’arrêtent net de marcher et se tournent vers moi, l’air étonné. J’esquisse un geste d’impuissance signalant que je ne sais pas où se trouve le chien et je clame le nom de ce dernier à nouveau. Envahi par la panique, le petit crie à son tour. Je le rassure en lui disant que son toutou ne doit pas être loin d’ici et que l’on va vite le retrouver.
Ce qui est surprenant avec les enfants, c’est qu’ils sont capables d’imaginer pas mal de situations critiques en un temps record ! Pourvu qu’il ne soit pas tombé dans un trou sans fond, ou bien dans la rivière. Ce dernier scénario me semble difficile vu le mince filet d’eau qui coule non loin de là sans mériter de toute évidence le titre de ruisseau… Mais la palme revient à l’idée que le toutou puisse être dévoré par un ours.
Alors que je tente de rassurer mon fils, en lui expliquant que je ne crois pas qu’il y ait un tel animal dans l’arrière-pays niçois, nous entendons soudain un petit jappement. Chacun de nous regarde autour de lui pour savoir d’où provient le son car de chien nous n’en voyons point. Un autre aboiement nous fait nous tourner en chœur vers un chêne plus que centenaire, mais là encore point de toutou à l’horizon. Je m’approche lentement de l’arbre, refusant l’hypothèse d’un yorkshire grimpant aux branches.
Soudain, je l’aperçois. Ce petit coquin apparaît, planté au milieu d’un immense tas de feuilles mortes. La teinte ambre de son pelage est identique à celui du feuillage dont le chêne s’est débarrassé comme d’un manteau encombrant. Le chien restait presque invisible de là où nous étions. Sans doute se demandait-il pourquoi nous le cherchions, vu qu’il se trouvait à côté de nous tout ce temps. Il ne comprend peut-être pas pourquoi mon fils se jette sur lui pour l’embrasser, ce dernier étant trop heureux qu’aucun de ses scénarios ne se soit réalisé.
Et moi, je regarde en souriant mon toutou couleur d’automne…
L.L.H