Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueillir Robert Dorazi, auteur de talent lui-aussi auto-édité, qui a bien voulu répondre à mes questions indiscrètes !
- Robert, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Robert Dorazi, et je suis né dans les années soixante, un peu avant que l’homme ne marche sur la Lune pour la première fois. J’ai fait toutes mes études de biologie à Nancy avant de partir plusieurs années pour le Royaume Uni (j’ai eu, entre autre, la chance de vivre plusieurs années à Edimbourg, une ville magnifique) et les USA (où j’ai malheureusement assisté en direct aux attentats du 11 septembre depuis la cour de l’université de médecine et de dentisterie à Newark.) Je suis revenu en France depuis quelques années. Je n’ai pas d’enfants mais beaucoup de neveux, de nièces et même quelques petites nièces. Aussi je fais souvent du baby sitting. J’ai commencé à télécharger mes ebooks il y a un an et demi environ.
- Avez-vous un métier en dehors de l’écriture et si oui, est-il difficile de concilier les deux?
Jusqu’en novembre 2011 je travaillais en effet. J’avais fait des études universitaires avant de partir travailler au Royaume Uni puis aux USA pendant presque douze ans comme chercheur postdoctoral. Ensuite je me suis retrouvé sans emploi. Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est en ce moment qu’écrire est le plus difficile. On pense souvent qu’être sans emploi permet d’avoir tout son temps libre pour ses hobbies. Ce n’est pas vrai pour moi. Je n’avais donc aucun problème à concilier mon travail et l’écriture. J’ai eu un peu plus de problème à concilier chômage et écriture. Cela dit, je continue à allumer mon ordinateur pour y coucher mon prochain roman.
- Combien de temps consacrez-vous en moyenne à l’écriture ?
C’est vraiment très variable. Je n’ai jamais pu m’installer à côté d’une pendule et à me dire : je vais écrire deux heures puis j’arrête. Lorsque j’écris, cela peut aussi bien durer dix minutes ou trois heures sans que je ne lève la tête. Peut-être que si un jour je peux vivre de mes livres alors je m’astreindrai une discipline. En attendant, je fais avec les moyens du bord. De toute façon je crois qu’il en va de l’écriture comme du reste. On peut, le lundi, passer trois heures à écrire dix pages qui n’auront aucun intérêt et qu’on effacera le mardi, et puis passer trente minutes sur deux pages le mercredi, qui se trouveront être deux pages absolument essentielles à un roman.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume?
C’est très difficile à dire puisqu’il me semble que j’ai “pris la plume” dès que j’ai su écrire suffisamment bien pour imaginer une histoire et la mettre sur papier. Je devais avoir huit ou dix ans. Le premier texte consistant dont je me souviens date du collège. Il s‘agissait d’une petite nouvelle d’horreur avec une statuette démoniaque. Je crois que j’avais tout simplement eu envie d’écrire un petit scénario de film comme j’en voyais au cinéma ou à la télévision à cette époque (on parle des années soixante-dix.) Donc je pourrais dire, d’une manière assez banale, que ce qui m’a poussé à écrire c’est la volonté de beaucoup de gens d’essayer d’échapper au quotidien, aux lois de la physique et la biologie, et de se projeter hors du temps et de notre vie qui passe.
- Comment vous est venue l’idée de votre premier roman ?
Mon premier roman est donc intitulé Martin Contremage et le Vol de l’Albatros. C’est un roman jeunesse dont j’ai commencé l’écriture en 2002 alors que je finissais un contrat de recherche à Newark, dans la le Jersey. C’était une sorte de pari avec moi-même. Je voulais savoir si je pouvais inventer un univers où la magie serait présente et qui pourtant serait un univers complètement différent de celui des romans de magies qu’on pouvait lire à l’époque, et en premier lieu, bien sûr, la saga d’Harry Potter. Aussi j’ai immédiatement pensé que je n’avais jamais vraiment lu ou entendu parler d’un roman jeunesse se déroulant dans un village apparemment normal mais où certains êtres particuliers créeraient les instruments magiques que les sorciers utilisent. Il allait de soi que ces êtres ne seraient en aucun cas des sorciers eux-mêmes, mais auraient pourtant les talents nécessaires pour construire ces instruments. C’est évidemment une parabole parlant des métiers de l’artisanat. Tout jeune enfant, mes parents m’avaient emmené en Calabre où je suis tombé devant un souffleur de verre qui prit un petit bloc de verre teinté, le fit rougir à la flamme puis en quelques mouvements vifs et précis le modela pour en faire une biche gracieuse. Je me souviens avoir été émerveillé ! J’ai toujours cette biche après plus de quarante ans. Pour moi c’était de la vraie magie. J’ai décidé d’en faire un livre.
- Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées pour l’écriture de vos romans ?
Là encore, chaque livre présente probablement un challenge différent. Pour Martin Contremage, il me fallait tout inventer puisqu’il s’agissait de décrire un village totalement imaginaire et différent de tout ce que je pouvais voir par la fenêtre. Je suis assez content de moi en ce qui concerne les personnages, surtout de ceux qui sont vraiment différents des hommes ou des femmes de notre monde. En revanche, je devais rester dans des limites car je ne voulais pas du tout écrire un livre d’Heroic Fantasy. Et surtout je devais laisser des portes ouvertes puisque Martin Contremage est une série qui devrait comporter sept tomes, sept comme les sept catégories d’instruments magiques ! Pour mon second roman, qui regroupe les cinq aventures d’Hiver Minimus, tout a été très simple. Ce n’était pas véritablement un roman et il n’y avait pas de chapitres. Je n’ai fait aucun plan et j’ai pratiquement écrit chaque histoire en une seule traite. Mon quatrième roman, celui que j’écris en ce moment, nécessite un peu plus de préparation et c’est un livre pour les adultes, bien ancré dans la réalité. C’est plus difficile pour moi de rester dans la réalité. Et ce roman nécessite un plan logique. Je passe bien sûr sur les fautes d’orthographe et de grammaires qui ne sont pas mes points forts.
- Pourquoi ce style de romans?
J’ai commencé à écrire des romans pour les plus jeunes parce que je pense que c’est à eux qu’il faut donner envie de lire en premier lieu. Les enfants lisent de moins en moins pour des raisons diverses, aussi faut-il leur donner envie d’ouvrir un livre, que ce livre soit fait de papier ou d’encre électronique. Lorsque j’étais plus jeune j’aimais beaucoup une série de petits périodiques dont le titre était « Si tout m’était conté » et qui étaient remplis d’histoires fantastiques, de héros imaginaires ou historiques, de légendes. J’adorais ces mondes différents. Alors j’ai naturellement opté pour l’imaginaire quand j’ai commencé à écrire. Les plus jeunes ont un esprit très concret, très visuel. Je crois qu’ils/elles doivent pouvoir lire une page et imaginer facilement la scène dans leur tête. C’est ce que j’ai voulu faire avec Martin Contremage et Hiver Minimus. Ces deux romans sont très graphiques.
- Combien de temps pour écrire le mot « fin » à la dernière page ?
Pour terminer Martin Contremage il m’a fallu cinq ans. Mais c’est surtout parce que j’écrivais peu, et que je devais constamment penser aux tomes suivants. Je devais semer quelques indices dans le premier tome qui seraient repris dans les tomes suivants. J’ai donc commencé à écrire le tome 2 alors que le tome 1 n’était pas terminé. En revanche, pour Hiver Minimus, chaque histoire a « coulé hors de mon stylo » en un mois à peine. J’écrivais quasiment directement sur mon PC, sans plan. J’ai été très agréablement surpris du résultat. Surtout qu’Hiver Minimus était en réalité le premier nom de Martin Contremage ! Puis j’ai changé d’avis et j’ai fait d’Hiver le héros de BD préféré de Martin Contremage avant de lui donner une vie littéraire propre. Le roman que j’écris en ce moment me prendra quatre mois environ. J’aime l’idée centrale, et je crois qu’elle est assez surprenante. Je n’en dis pas plus pour l’instant.
- Avez-vous tenté l’édition classique ? Pourquoi le choix de l’auto-édition ?
J’ai soumis Martin Contremage et Hiver Minimus à une trentaine de maisons d’éditions ou plus, avec cette idée qu’ont tous les auteurs, c’est à dire que leur roman vaut bien ceux qui sont publiés par telle ou telle maison d’édition. Je n’ai reçu que des réponses types négatives, ou pas de réponse du tout. Je ne me faisais aucune illusion d’ailleurs. Je n’ai donc pas été franchement déçu. La première fois que j’ai soumis Martin Contremage c’était en 2007. Puis je l’ai remis dans un tiroir virtuel où il est resté en compagnie d’Hiver Minimus pendant environ six ans. C’est en 2013 que j’ai décidé de leur donner une chance sur Amazon, en ebooks. L’auto-édition a ses avantages et ses inconvénients, mais quand l’édition classique ne veut pas de vos livres, l’auto-édition ne peut avoir que des avantages. Et puis quelques auteurs français et quelques centaines d’auteurs américains arrivent à vivre de leurs ebooks. Alors je me suis dit « pourquoi pas essayer ? »
- Quels sont vos coups de cœurs littéraires ?
J’ai toujours eu un faible pour St Exupery et Marcel Aymé. Christian Bobin m’impressionne. Ses romans sont courts, mais intenses. Je suis aussi un fan de Ian Rankin, Colin Dexter ou Alexander McCall Smith. J’avais beaucoup aimé Marc Haddon, Yann Martel ou Marina Lewycka.
- Avez-vous des contacts avec vos lecteurs ?
Malheureusement je n’ai pas assez de lecteurs pour avoir des contacts avec eux 🙂
J’espère que ça viendra un jour. Je ne suis pas très à l’aise en société cependant.
Le premier projet est bien sûr de retrouver un emploi qui me plaise suffisamment pour que j’imagine pouvoir le faire sans trop d’ennui. Je ne suis pas très optimiste pour l’instant. Et surtout j’ai la quasi certitude maintenant que ce ne sera pas dans le domaine de la recherche. Hors c’est tout de même vingt ans de ma vie que je jette au panier. Ce n’est pas facile à accepter. L’autre projet est de terminer le roman sur lequel je travaille actuellement. Je pense que deux mois de plus y suffiront. Je crois à ce roman parce qu’il parle d’un sujet de société actuel sous un nouvel angle. C’est un livre où l’humour aura aussi sa place, mais ce sera plutôt de l’humour noir.
- Avez-vous un site web ou un blog
J’ai un blog www.hiverminimus.over-blog.com J’y poste des extraits de mes romans, quelques petits articles parfois ou des critiques des ebooks que j’ai lus.
Je ne rêve pas beaucoup. Ou plutôt, dans mon esprit, un rêve est, par définition, quelque chose d’inaccessible à jamais. Si ça me semble un but atteignable alors c’est juste un projet qu’on peut entreprendre ou pas, c’est selon. Mais un rêve doit rester hors d’atteinte. Un vœu, me semble plus proche de la réalité. Donc je fais le vœu de pouvoir un jour prochain vivre de ma plume ou de mon clavier. Je souhaiterais pouvoir me dire que demain je n’aurai pas à me lever pour voir un ciel gris, mais que j’inventerai un nouveau personnage que d’autres que moi auront envie de connaître.
Un grand merci à Robert pour s’être livré ainsi.
L’univers fantastique commun à ses livres vous ravira, n’hésitez pas à aller faire un tour sur Amazon pour les découvrir :
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