la chambre françoise chandernagor« Le tour de l’île : vingt-quatre pas. Six du nord au sud et d’est en ouest, depuis la porte d’entrée jusqu’à la fenêtre. Les cloisons de planches, la cheminée de marbre et, comme un lac suspendu, le grand miroir – la géographie de la chambre, ses rivages, ses déserts, sa faune, j’en sais tout. Mais le décor, cet étrange décor, acajou et pavé, brocart et chaises dépaillées, qui l’a composé ? Qui, surtout, a donné l’ordre de condamner les portes, puis la fenêtre, la cheminée, de poser des serrures, des verrous, je l’ignore… Et l’enfant ? Lorsqu’on a détaché sa chambre du continent, pourquoi n’a-t-il pas crié ? Pourquoi s’est-il laissé couler ?

À l’origine du crime, qu’y avait-il ?

Quand la foi soulève des montagnes, elle écrase des enfants. Est-ce la foi qu’on trouve au commencement de cette histoire ? Ou bien la peur, la bêtise, le hasard ? Qu’y avait-il au commencement ? » 

Sans être jamais nommé, on devine que ce petit garçon de huit ans, qui se retrouve enfermé pour des motifs politiques, est le dauphin de France, Louis XVII.

Un enfant que l’on va soigneusement oublier  sous la Terreur révolutionnaire, et qui va, peu à peu, s’oublier lui-même…

La plume acérée de Françoise Chandernagor ne nous laisse aucun répit, avec des passages émouvants, des moments intenses et douloureux. Le tout accompagné de superbes descriptions.

On plonge, aux côtés de ce pauvre enfant, dans une terrible et lente descente aux enfers.

Une lecture propre à la réflexion, un genre de roman qui s’incruste au plus profond de votre âme.