Auteurs en mal de reconnaissance pour certains, trahison, catastrophe de la part du salon du livre de Paris selon Monsieur Augustin Trapenard, les autoédités, dont je fais partie, en entendent des vertes et des pas mûres. Amélie Antoine a d’ailleurs écrit une très belle lettre adressée à ce journaliste aigri. Vous pouvez la découvrir ici si ce n’est déjà fait.
Je ne tenais pas à mettre mon grain de sel, mais mon sang chaud de fille du Sud s’est mué en un gros bouillon cette semaine et j’ai eu envie moi aussi d‘ouvrir les vannes avant que l’amertume ne me consume.
Tous les autoédités ne sont pas ces pauvres êtres voulant à tout prix voir leur prose publiée et peu importe le contenant pourvu qu’on est l’ivresse.
Dans mon cas, mon roman paru sur Amazon avait passé le cap d’une éditrice, mais peu avant sa publication, sa maison d’édition fit faillite. Car la loi de la jungle est impitoyable dans le milieu littéraire et si beaucoup n’aiment pas les autoédités, ceux qui ont pignon sur rue abhorrent les petites maisons d’éditions. Pour qui se prennent-elles ces moins que rien à vouloir une toute petite part du gâteau plein de crème littéraire. Même si quelquefois, la crème ne réussit guère à masquer la génoise ratée en-dessous…
Bref, il ne me restait que quelques options, soit me cacher dans le terrier d’un lapin, mais j’ai eu peur de rester coincée, soit pleurer toutes les larmes de mon corps, mais pas certain que mon assurance prenne en charge le dégât des eaux. Ou bien… publier sur Amazon.
Le choix fut vite fait, enfin presque. Je décidais donc de donner une nouvelle vie à mes personnages hurlant de désespoir dans leurs pages manuscrites. Tout d’abord, une petite nouvelle me permit de tâter le terrain (virtuellement parlant) et ô bonne surprise, fût bien accueillie. Alors je jetais mon roman dans la fosse aux lions et ô, à nouveau good surprise, il rencontra son petit public. Depuis il s’en vend quelques-uns presque tous les jours. Je ne suis pas certaine que petite auteure inconnue dans une grande maison d’édition, j’en aurais fait autant. Des gens que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, ni même de Brad Pitt (dommage) vont liker ma page auteur. Alors oui, je suis reconnaissante à mes lecteurs. Oui, je suis heureuse du tout petit succès de mon livre.
Des auteurs autoédités j’en ai interviewé sur mon blog, Caroline Plouffe, Patrick Ferrer, Charlie Bregman, Chris Simon, Robert Dorazi, Catherine Lang , Sandra Ganneval, etc… car je voulais leur donner la parole, leur permettre d’exprimer leur ressenti. Tous sont de belles personnes méritant d’être connues. Leurs écrits m’ont conquise, certains plus que d’autres et je n’hésiterai pas à lire leurs prochaines œuvres. D’ailleurs quelques-uns rencontrent un succès bien mérité et sont happés par des éditeurs célèbres tels Alice Quinn (Comme il est bon de butiner dans le vivier des autoédités !) Ces auteurs-là donneront donc du travail à l’imprimeur ou le libraire… ce que l’on nous reproche de ne pas faire apparemment.
Il est vrai qu’il y a des livres au français et à l’orthographe déplorables, à la mise en page désolante et ceux-là portent préjudice aux auteurs s’efforçant de proposer le meilleur en termes de présentation d’ebooks. Mais ce n’est pas l’apanage de l’autoédition que diable ! Certains font appel à des correcteurs ou passent eux-mêmes des heures à peaufiner leur texte. Dans beaucoup d’autres domaines aussi, on peut séparer le bon grain de l’ivraie. Lisant énormément de livres traditionnels, il m’est arrivé de tomber sur des perles…mais pas toujours de culture, loin s’en faut. On commercialise bien des biographies de personnes célèbres d’une vingtaine d’années (hic !) alors de grâce laissez nous vendre nos ebooks à qui veut bien les acheter. Nous ne représentons qu’une toute petite part du marché (pour le moment) laissez-nous là. Il y a assez de place pour tout le monde. De plus, la littérature coûte chère, j’en sais quelque chose, et si le faible prix de nos livres permet à des gens n’ayant pas forcément les moyens de pouvoir s’offrir un peu de lecture, je ne vois pas en quoi cela est catastrophique…
Écrire n’a de réelle utilité que si l’on nous lit, si nos personnages prennent vie dans l’esprit de nos lecteurs, alors si une pétition n’est pas lancée contre nous sur Internet pour nous intimer de cesser d’écrire à tout jamais, c’est peut-être que certains arrivent à s’évader, pour un petit moment, de ce monde de brutes grâce à nos écrits. Deux siècles auparavant, nous aurions pu être conteurs, aujourd’hui nous sommes des autoédités…
L’un de mes romans, non publié sur Amazon, sera bientôt édité par une petite maison d’édition, mais une chose est certaine, je continuerai quoiqu’il se passe à publier mes propres ebooks !
Pour finir, je reprends pour nous la devise des scouts :
Autoédités un jour, Autoédités toujours…
Merci pour cet article très sincère et tout en justesse ! Tu as su mettre des mots là où il y en avait besoin. Finalement, pas tant d’amertume, mais de l’espoir.
Bien à toi,
Amitié
Merci Anaïs. Oui l’espoir est notre alliée, notre force.Il faut garder cela en tête, un jour la roue tourne !
Au plaisir de te lire
Amitié
Tout est dit, Laurence, dans ce très bel article. Bravo! Tu as raison, les auteurs auto-édités sont les crieurs de rue des siècles derniers, accessibles au plus grand nombre, proches des lecteurs, de leurs attentes. Souvent différents dans leur approche des écrivains édités.
Ils ne sont pas un frein au développement des maisons d’édition, la crise économique l’est.
Ils ne sont pas responsables des librairies qui ferment, et en éprouvent assurément tout autant de peine.
Merci Céline ! Oui, de temps en temps il faut bien remettre les pendules à l’heure… Il faut vivre avec son temps après tout !
J’adore, parce que tout est dit…
Bon courage pour la suite !
Merci 🙂
Merci beaucoup pour ce très bel article qui remet un peu le clocher au milieu du village pour les auto-édités dont je fais partie. Oui, certains sont sérieux, corrigent et recorrigent, font même appel à un correcteur (d’ailleurs certaines ME feraient bien d’en faire autant vu le nombre de coquilles dans leurs livres…) voire un illustrateur professionnel. Il est injuste de mettre tout le monde dans le même sac, tout comme il est injuste d’ignorer notre existence ou de stigmatiser. PS : je précise que je n’ai été refusée par aucune ME, j’ai juste fait le choix de n’en contacter… Read more »
Merci Ysaline 🙂 Je viens d’aller faire un tour sur ta page auteur (je me permets de te tutoyer) et je pense que la liste de ma kindle (déjà bien longue!) va encore s’accroître 😉
Oui, tu as raison ; je ne suis pas une adepte du « vous » ;). Ça fait vraiment plaisir de croiser des personnes comme toi, qui savent remettre les pendules à l’heure avec douceur et finesse. On se sent moins seul pour se défendre et prouver qu’on peut fournir un travail de qualité en étant AE.
Se serrer les coudes envers et contre tout. C’est vital dans la jungle littéraire !
Félicitations tu as raison il y a des places de tout le monde et moi qui lisais très peu je suis devenu une accro à ma liseuse j’ ai lu en 1an plus que ces 10 dernière années. Car il faut savoir que je suis dyslexique et la lecture et facilité sur la liseuse et j’ ai découvert des auteurs supe méga génial
Merci beaucoup ça fait chaud au cœur 🙂
bonjour, tu m’apprends quelque chose qui va servir à mon cousin qui est comme toi dyslexique et qui se désolait de ne pouvoir lire mes livres comme il faut.
Grand débat que celui des auto-édités et il est vrai que quelques « jeunes » auteurs qui choisissent cette voie ne sont pas au top de l’orthographe et de la grammaire. Mais, comme disait je ne sais plus qui … c’est en forgeant que l’on devient forgeron.
Notre « profession » fait de l’ombre à certaine ME, car justement nous sommes un vivier de conteurs d’histoires qui échappe à leurs diktats. Profitons donc sans compter de notre liberté, si chère à notre cœur.