Lire un livre de Céline Vay est à chaque fois une aventure extraordinaire. Sa plume alerte, parfois déroutante nous entraîne sur des chemins sinueux, à la rencontre d’âmes torturées.
Gaby est auteur. Comme son imagination lui fait défaut, il raconte la vie de ses voisines. C’est un homme tourmenté, luttant avec l’autre partie de lui-même, celle qui est féminine. En proie aux affres du quotidien, il survit dans un monde sans concession.
Gaby manie l’humour avec virtuosité, de façon caustique, jouant de l’autodérision comme d’une arme. Il pourrait être le voisin que l’on croise au supermarché du coin sans se douter une seconde du tsunami mental qui, souvent, l’emporte au-delà de sa propre personne.
C’est une plongée dans un esprit masculin, complexe, dominé parfois par sa libido, dont la concrétisation n’apporte qu’une paix relative. Dans les réminiscences de l’enfance, dans un corps ami ou ennemi selon les moments.
Mais c’est aussi une description de la vie de femmes, les voisines, luttant pour élever leurs enfants, pour garder un emploi. En proie à un système les broyant peu à peu, condamnant leurs illusions. Une analyse concrète de notre temps. Un hymne à la solitude, à cette illusoire pensée que derrière l’écran, il y a la vie.
« J’ai loupé le coche » est un récit jubilatoire et sérieux à la fois, extravagant parfois, un mélange de saveurs différentes, une envolée de mots, servis par une belle plume.
La lecture de ce livre laisse une empreinte. Céline Vay a l’étrange pouvoir de jeter le trouble dans les esprits. Le héros de son histoire est un homme… qui se souhaiterait femme. L’auteur(e), qui est femme, se met dans la peau d’un homme et le fait très bien pour faire vivre un pan de la vie et de l’esprit de son personnage. Tout cela conduit à une introspection mixte qui titille et ravit les neurones du lecteur.
Merci à toi Laurence, pour cette belle analyse des tourments de mes héros du quotidien. Et si je peux ravir les neurones du lecteur comme le remarque si gentiment Jean-François Pissard, j’en suis très touchée.
Avec toute ma reconnaissance pour ce superbe article.
Belle découverte, ce roman de Céline Vay.
C’est un livre sincère, très introspectif et en même temps fait d’impulsivités. Il dynamite nos certitudes, brouille les frontières entre féminin et masculin, réel et virtuel, amour et désir…
A travers ses personnages déglingués et touchants, l’auteure donne une vision pleine d’énergie, parfois cocasse, d’un monde désenchanté de trop se nourrir de chimères. La critique sociale et politique affleure en permanence.
Une expérience de lecture étonnante, on se laisse déstabiliser avec plaisir… A tester !